Aller et venir pour Jésus qui vient
- 4 déc. 2023
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Méditation sur la rencontre entre Jésus et le centurion qui intercède pour son serviteur (Mt 8, 5-11)

Avons-nous besoin que le Christ lui-même vienne régler nos petits soucis, nos querelles, chasser la pauvreté, ramener la sécurité, en un mot, gérer notre quotidien ? Jésus reviendra, c'est sûr, mais non pas pour régler des situations que nous pouvons gérer en toute responsabilité, mais pour nous introduire dans l'éternité bienheureuse. En attendant, c'est nous qu'il envoie et c'est nous qui avons à construire ce monde plus fraternel, à lutter contre la maladie, la guerre, les injustices, la faim et la pauvreté...
Dieu nous a donné le pouvoir de changer ce monde.
L'évangile d'hier (Premier dimanche de l'Avent B) disait que le maître parti en voyage a donné tout pouvoir à ses serviteurs (Mc 13, 33-37). Oui, chrétien, tu as le pouvoir d'aller quand Jésus te dit "Va", et d'apporter sa présence au monde. Le centurion l'a bien compris. Il sait qu'il est subalterne mais qu'il a aussi des subalternes qui peuvent accomplir la mission qu'il leur confie. Jésus n'a pas besoin de se déplacer. Il n'a qu'à envoyer et nous aurons à faire le travail dans nos milieux de vie. Où es-tu donc, soldat du Christ ? Entends-tu ton Seigneur qui t'envoie ? Préfères-tu te cacher comme Adam et Ève qui se sont su nus et qui ont choisi de fuir la face de Dieu ? Ou oseras-tu, comme Samuel, dire en toute confiance : "parle, Seigneur, ton serviteur, ta servante écoute " et laisser sa force agir dans ta faiblesse ? Jésus entre sous les toits lorsque ses lieutenants que nous sommes acceptons d'aller à la rencontre de ceux qui connaissent la souffrance pour leur apporter la force de Dieu...
Abram est parti sans sans savoir où il allait.
Regardons la figure de notre père dans la foi, Abraham (cf. Gn 12). Dieu l'appelle à un moment particulier : Abram (il ne s'appelait pas encore Abraham) vient de perdre son père. Il est le nouveau chef de famille. Il est disponible et capable de décision. La liberté et la volonté sont fondamentales. Car la foi ne peut pas se vivre de façon passive. Dieu dit à Abram : "Va" et Abram s'en va. Il se met en route avec ses proches sans trop savoir où il va. Et les promesses que Dieu lui fait semblent irréalisables : Dieu promet une terre qui est déjà habitée et une descendance à Abram alors que ni ce dernier ni son épouse Saraï n'ont d'enfant. Plein de foi, Abraham accepte d'être nomade au service d'un Dieu itinérant. Nous par contre, nous acceptons difficilement d'être dérangés dans nos habitudes, de passer la main à d'autres personnes, d'envisager une autre mission pour le Seigneur.
La mission est source de bénédiction
Ce qui précède l'envoi d'Abram est exprimé par l'expression hébraïque Lek leka que l'on traduit par quitte ton pays mais qui littéralement se traduit par : va vers toi, va pour toi. Abram est invité à se mettre en route pour se découvrir. En effet, en se mettant en marche, on se découvre soi-même. La mission nous permet de nous réaliser comme disciples du Christ. Là se trouve la bénédiction. En effet, une triple bénédiction est attachée à la foi d'Abram. En se mettant en marche, Abram reçoit la bénédiction pour lui-même ; ensuite, sa présence devient bénédiction pour ceux qui le rencontrent ; enfin, il devient médiation universelle de bénédiction pour toutes les familles de la terre. Aller où le Christ nous envoie, c'est recevoir sa bénédiction, en être le signe et le canal.
Reconnaître l'autre comme son égal en dignité et en humanité, c'est déjà Jésus qui vient.
En regardant l'attitude du centurion, on peut être frappé par la sollicitude dont fait preuve ce redoutable chef de guerre romain à l'égard d'un "insignifiant" esclave. Employeurs, voyons-nous nos collaborateurs comme des égaux en dignité et en humanité ? Portons-nous le souci de la santé de ceux qui travaillent avec nous, pour nous ? Parfois ils vivent des situations extrêmement difficiles et auxquelles on choisit de rester indifférent. Le stress que nous leur faisons vivre au travail est en grande partie à l'origine de leurs problèmes de santé. Mettre à la disposition de ses collaborateurs des conditions qui facilitent leurs soins, l'achat de leurs médicaments ; respecter les horaires de travail, les encourager à se soigner, à se reposer, à prendre leurs vacances, à s'éloigner régulièrement du stress du travail ; donner à chacun un juste salaire, voici autant de chemins que l'on peut tracer pour laisser la miséricorde de Dieu rejoindre la misère de l'homme et ses tourments. Cela, est à notre portée. Par conséquent, Jésus n'a pas besoin de venir physiquement au milieu de nous pour rendre cela possible. Il suffit d'un mot, un mot qu'il a déjà prononcé et que nous rappelle ce temps de l'Avent : "Va". Oui va auprès des petits, montre-leur l'amour de Dieu, puis viens, et suis ton Seigneur et Sauveur. C'est déjà Jésus qui vient dans notre monde.
Ehui koidou
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