Dans la communion des saints

Basilique Saint-Pierre (Rome)

« Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur »

On a parfois le sentiment d’être seul à mener le combat de la sainteté. Dans les familles, ceux qui cherchent vraiment la face de Dieu sont minoritaires. Ce que nous apprend la fête de Toussaint, aujourd’hui c’est que celui qui recherche la sainteté n’est jamais seul. Il fait partie d’un peuple immense. En effet, il y a un lien spirituel qui met en connexion tous les amis de Dieu, quels que soient leur race, leur langue, leur nation. On aurait dit un réseau social des bienheureux où se retrouvent les humbles de cœur, ceux qui pleurent, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les affamés et assoiffés de justice, les artisans de paix. En clair, même s’il est rejeté par ceux qui vivent dans son environnement immédiat, celui qui recherche la sainteté n’est jamais seul. Il est déjà porté par ce que l’Église appelle « la communion des saints ». En quoi le fait de se savoir en communion avec les saints peut-il nous aider ?

"Je crois à la communion des saints" (Symbole des Apôtres)

Le livre de l'Apocalypse (Ap 7, 2-4. 9-14) nous laisse entendre que les saints sont ceux qui ont traversé la grande épreuve. C’est dire que leur vie terrestre a été marquée par l’épreuve du péché, du doute, de la maladie, de la souffrance, bref l’épreuve du mal, comme nous. Mais ils en sont sortis, non pas vaincus, mais vainqueurs, grâce à leur amour de Dieu et du prochain, grâce à leur foi et à leur espérance. Ceux-là ont une expérience de vie qui est pour nous un inestimable trésor. Car, du fait qu’ils nous rejoignent dans notre condition, nous sentons qu'il est plus aisé de nous inspirer de leurs vertus. Dans toutes les situations de notre vie, nous pouvons nous tourner vers eux, comme vers des grands frères pour qu’ils nous conseillent en nous rappelant la volonté de notre Père céleste.

Les saints, même s’ils sont dans la gloire de Dieu, n’ont pas abandonné la terre. Ils continuent de soutenir leurs frères et sœurs en humanité. Ils se souviennent que la terre a été le lieu de leur sanctification. Ils sont aussi conscients que la grande majorité des mortels n’est pas parvenue à cette vie héroïque qui a été la leur. Loin de s’en moquer, ils s’en préoccupent car ils désirent tant que de nouvelles personnes soient associées à leur peuple. Nous pouvons rendre grâce à Dieu qui permet qu’à chaque temps, à chaque époque, se lèvent des figures de sainteté toujours inspirantes. Le message est donc clair : il est possible d’être saint, aujourd’hui encore. Contrairement à ce que le monde laisse croire, si on s’y investit, on ne sera jamais seul. On sera au milieu d’une foule immense qu’il sera impossible de dénombrer.

Le saint est vainqueur dans le Christ

Pour jouer un rôle dans un film, on admet plusieurs candidats et après un casting très serré, on élimine la majorité pour n’en retenir qu’un seul. Pareil pour des offres d’emploi. Il y a quelque chose de serré dans la sainteté, mais ce n’est pas Dieu qui nous disqualifie. L’épreuve de la vie appelle nécessairement l’effort pour demeurer dans la vertu. Mais Dieu ne cherche pas à se contenter de quelques saints, il veut que tous, nous soyons saints. C’est cela le sens profond de Toussaint. Les hommes ne sont pas tous des saints mais ils sont tous appelés à la sainteté, sans exception. Si Dieu nous appelle tous à la sainteté, ce n’est pas pour voir le grand nombre être éliminé parce que n’ayant pas eu les moyens d’y parvenir, c’est pour nous dire que c’est possible. Tous, nous pouvons y parvenir à condition de nous y mettre vraiment, de nous appuyer sur lui et de laver toute souillure du péché dans le sang précieux de son divin Fils, l’Agneau qui enlève les péchés du monde.

A quelle note s’attend un élève qui n’a pas fait le moindre effort pour apprendre son cours, faire ses exercices ? A quel avenir nous attendons-nous auprès de Dieu si nous avons passé toute notre vie à l’ignorer, à le mettre à la dernière place ? Dieu existe-t-il seulement quand on veut baptiser son enfant, enterrer ou honorer un défunt ? Il est temps, grand temps de s’associer au peuple immense des chercheurs de Dieu, qui cherchent à le servir, non pas dans un cocktail dilué de valeurs dites humaines universelles, mais dans la pratique assidue des vertus, à l’image d’une personne réelle qui n’est pas une idée : Jésus Christ, le Saint, le Saint de Dieu. Voici le temps favorable : entrons dans le cortège des saints. C’est le cortège des vainqueurs !

Père Koidou-Ledoux