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Pour un regard vrai et lucide sur soi

  • 1 mars
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 mars


"Enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil"
"Enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil"

Réfléchissons quelque peu sur l’identité de l’Église et posons-nous la question suivante : De qui est réellement constituée l’Eglise ? D’hommes et de femmes au cœur parfait, donc irréprochables en tout point de vue, remplis de la lumière de la sagesse ? Notre Eglise est-elle donc l’assemblée d’une élite humaine ? Aussi choquant que cela puisse paraître, il n’en est absolument rien. Et en m’inspirant des premiers termes de l’évangile, je dirais que l’Eglise est une assemblée d’aveugles. Alors, comment peut-elle fructifier encore après deux mille ans de soubresauts où elle a été aux prises avec les convulsions de l’histoire ? Comment cette assemblée d’aveugles peut-elle garder sa sève et sa verdeur et porter de si agréables fruits au point qu’on veuille en empoisonner la qualité et ne tirer d’elle que des fruits pourris aux étiquettes d’abus ou de scandales ? D’où l’Eglise tire-t-elle sa jouvence bimillénaire ? En temps normal, cette assemblée d’aveugles se serait déjà retrouvée depuis longtemps dans un trou, je dirais même un abîme.

La raison de cette vitalité est simple. L’Église est une assemblée d’aveugles qui veulent se laisser guider et éclairer par la lumière du Christ en qui il n’y a point d’ombre. Le véritable aveugle, ce n’est pas celui qui ne peut pas voir, mais celui qui refuse de voir. Il n’y a pas plus aveugle que celui-là. Or nous sommes ces aveugles qui veulent voir et chaque jour, comme l’aveugle sur le chemin, nous disons : « Seigneur, que je voie ». Vouloir voir, c’est déjà être dans la lumière, c’est accepter courageusement d’affronter en soi ce qui est laid pour l’extirper. C’est un moment hyper angoissant que de devoir se tenir devant un miroir et constater avec désolation l’apparition de rides intrépides, de bleus, qui ne comptent pas disparaitre, de toutes ces choses qui enlaidissent inexorablement notre visage jadis angélique. En clair, tout regard sur soi, surtout sur ses insuffisances et ses défauts est une torture morale ; il nous semble plus aisé de regarder ceux des autres, même s’ils sont microscopiques. Le regard sur soi est extrêmement difficile, humiliant ; d’aucuns trouvent simplement qu’ils n’ont commis aucun péché. C’est plus simple. Toutefois, il nous faut ce courage. L’Église s’est toujours imposé cette autocritique sans craindre d’être éclaboussée. En effet, son seul but est de marcher dans la lumière du Christ pour éviter de tomber dans l’aveuglement et ainsi vulnérable, d’être frappée en plein cœur de façon irrémédiable par l’aiguillon de la mort. Les conciles et synodes se situent dans cette perspective : avoir un regard lucide, humble et véridique sur ses égarements et se remettre sur le chemin tracé par le Christ. Grâce à cette remise continuelle en question, l’Eglise revêt toujours son immortalité victorieuse sur la mort, elle grandit et pousse, nourrie de la sève de la justice.

            Aujourd’hui, la Parole invite chacun à avoir ce même regard de vérité sur soi-même et à avoir assez d’humilité pour se remettre en question. Même si nous avons en nous des lumières, nous ne faisons que réfléchir la lumière véritable qui est Christ. Le principe de variation d’intensité lumineuse nous rappelle que, quelles que soient nos qualités, il y a forcément en nous des zones d’ombre. Seule la lumière du Christ n’en a point. Laissons-nous donc habiter par la sagesse et prenons avec courage la peine de passer au tamis notre vie pour en identifier et rejeter les déchets qui peuvent provoquer, soit la stérilité spirituelle, soit des fruits qui ne mûrissent jamais, soit encore des fruits qui pourrissent avant même de mûrir. Le temps de carême qui approche est une excellente occasion pour ôter les ombres de nos vies. Puissions-nous en profiter.


Père Koidou-Ledoux


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