Reflets de la lumière de Dieu
- 15 mars
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Homélie 2e dimanche de Carême C, 16 mars 2025
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Les textes de ce temps de grâce permettent de mettre en évidence des éléments de la célébration du baptême. La semaine dernière, il était question de la renonciation à Satan et la profession de foi. Aujourd’hui, avec l’évangile de la transfiguration nous pouvons parler du signe du vêtement blanc, symbole de l’homme nouveau.
Quand Jésus va à la rencontre du Père sur la Montagne, l’aspect de son visage devient autre et son vêtement d’une blancheur éblouissante. Ainsi est décrite la transfiguration selon l’évangile de saint Luc. La transfiguration est le signe d’une union parfaite du Fils à la sainteté du Père. Dans le baptême, nous aussi nous allons à la rencontre du Seigneur pour faire alliance avec lui (Moïse) et recevoir ses instructions pour la mission (Élie). Sa grâce nous transforme à tel point que nous devenons des êtres nouveaux et différents. Nous sommes revêtus du Christ lui-même qui nous transforme à l’image de Dieu son Père. Le baptême nous unit à la sainteté de Dieu lui-même. Le prêtre dit souvent aux nouveaux baptisés, en reprenant la lettre aux Galates : « Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ (Ga 3, 27) ». Le vêtement blanc du baptême nous rappelle que nous avons été transformés et purifiés entièrement par ce sacrement. Ainsi, on peut dire que le baptême est le sacrement qui nous purifie, nous lave de tous nos péchés et fait de nous des êtres nouveaux. Et si le baptisé est transfiguré, cela n’est pas de son fait. Le psaume 26 que l’on récite très souvent aux célébrations de baptême révèle que tous les baptisés sont les reflets de la lumière de Dieu. Il rappelle aussi que dans les situations où l’on broie du noir, il n’y a que Dieu qui peut nous sortir des ténèbres du doute, de l’angoisse, de la peur. Tant que nous marchons dans la lumière de Dieu, c’est-à-dire, selon sa volonté, nous n’avons rien à craindre ni personne. Mais comment marcher dans la lumière de Dieu ?
Par la foi. Avoir foi, c’est faire confiance en Dieu et en son Fils Jésus : « Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». Abram a accepté ce saut dans l’inconnu avec Dieu sans savoir où il allait. Il était déjà vieux et ce n’est pas à cet âge-là qu’on devient explorateur. Nous savons qu’au bout du cheminement avec le Christ, se trouve la résurrection et la vie éternelle. Nous partagerons sa gloire et verrons ses bontés sur la terre nouvelle. Ne perdons donc pas confiance quand Jésus nous demande d’affronter avec courage nos croix, nos blessures, nos humiliations, nos douleurs, nos souffrances en restant attachés à lui. Car ce chemin de croix est le chemin de la gloire. Les sécurités humaines, quelle que soit la longueur de la vie, se perdent finalement dans le néant de la mort. Ne soyons donc pas seulement à la recherche du bonheur terrestre qui, somme toute, est légitime. En plus de cela, pensons aussi au ciel.
Par la prière. Nous sommes remplis de la grâce et de la lumière de Dieu quand nous prions. Rappelez-vous : Il y a 2 mois, on a célébré le baptême de Jésus. On a vu que c’est lorsque Jésus s’est mis en prière, après avoir reçu le baptême que l’Esprit est descendu sur lui comme une colombe et que la voix du Père s’est fait entendre. Aujourd’hui encore, le texte dit que c’est pendant qu’il prie que Jésus est transfiguré. Dans la prière, nous touchons le cœur de Dieu et lui nous transforme petit à petit. On ne le voit pas, on ne le sent peut-être pas, mais c’est une réalité indubitable. Bien sûr, on a tous connu cette paresse, ces coups de barre, cette fatigue. On a tous décroché un moment ou l’autre pendant une homélie ou un enseignement. Ce n’est pas toujours qu’on achève sa prière de chapelet. Dans les communautés, le silence de l’oraison est parfois troublé par le vrombissement, non pas d’un moteur, mais d’un ronflement très sonore. Il n’y a pas à désespérer à cause de cela. De toutes les façons, Dieu comble son bien-aimé quand il dort. Les Apôtres étaient accablés de sommeil, mais ils sont restés éveillés en regardant Jésus. C’est cela le plus important : avoir le cœur tourné vers Jésus, le regard fixé sur lui au réveil, avant de prendre la route, de commencer le travail, de manger et de dormir. Juste une petite prière suffit.
Par le dialogue avec la Parole de Dieu. C’est le sens de l’entretien entre Moïse (la loi), Élie (les prophètes) et Jésus (l’évangile). Il s’agit du dialogue avec toute la révélation : voir comment Jésus, en sa personne, accomplit les Écritures. Il est important de lire la Bible, de dialoguer avec la Parole de Dieu. Car nous dialoguons avec Dieu lui-même. Nous trouvons dans sa Parole de nombreuses réponses, des expériences de vie qui nous rejoignent, des expressions de foi qui nous édifient, des chemins pratiques de vie à observer. Dialoguer avec la Parole se réalise dans l’Esprit Saint, symbolisé ici par la nuée. Les Apôtres ont été couverts de son ombre. On retrouve cette expression avec la Vierge Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Et dimanche dernier, le psaume 90 rappelait qu’à l’ombre du Puissant, rien ne peut nous ébranler.
Dans la foi, la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, suivons donc Jésus sur le chemin qui mène à la vie. C’est un chemin de renoncements et de croix, certes. Mais c’est le chemin de la vraie gloire, celle qui ne connaît pas de fin et dont la transfiguration du Seigneur a été, en définitive, un aperçu.
Père Philippe Koidou-Ledoux
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