La volonté de Dieu pour les époux et les enfants.
- 5 oct. 2024
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Dernière mise à jour : 28 oct. 2024

Dans la première lecture comme dans la première partie de l’évangile de ce 27e dimanche ordinaire B, il est question du mariage. Ce thème soulève de nombreuses interrogations que l’on peut résumer ainsi : pourquoi l’Église reste encore attachée à un modèle de mariage aujourd’hui “dépassé” au regard de nos réalités sociologiques qui voient une augmentation des cas de divorce et de couples homosexuels ? C’est une question extrêmement sérieuse qui demande d'être traitée en profondeur, j’en conviens. Mais quelques pistes nous sont données en ce jour pour comprendre tant soit peu où l’Église se situe par rapport à tout ça.
A l’analyse, nous sommes face à deux paradigmes, l’un sociologique et l’autre que j’appellerais “théique” ou spirituel.
Ces attentes formulées à l’endroit de l’Église se fondent sur la réalité sociologique de notre temps. Ce qu’il y a par contre, c’est que le sacrement que propose l’Église se fonde sur une réalité “théique”, spirituelle : la volonté divine originelle, c’est-à-dire ce que Dieu a toujours voulu pour l’homme depuis le commencement. Car c’est ainsi que doit être vu tout sacrement : non seulement comme ce qui est conforme au projet de Dieu pour l’homme mais encore comme ce qui sanctifie l’homme donc le conduit à la perfection. La lettre aux Hébreux qui nous est proposée nous dit que
le projet du Christ, c’est de conduire l’homme à la perfection, à la sanctification.
Le 18 décembre dernier est sortie une Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi intitulée Fiducia Supplicans. Cette déclaration porte sur la signification pastorale des bénédictions. Fiducia supplicans montre bien qu’on ne peut pas se permettre de rejeter les divorcés remariés ni les couples homosexuels. Car ceux-ci - comme nous tous d’ailleurs - sont aimés de Dieu. Par principe, la bénédiction est inconditionnelle : on bénit bien des maisons, des voitures, des animaux, des champs… à plus forte raison des êtres humains. Alors toute personne peut être bénie et cela ne dépend pas de sa situation ni de ses choix. Bénir quelqu’un, c’est l’inviter à accueillir la présence de Dieu dans sa vie. Jésus le dit lui-même : il ne cherche pas forcément à être accueilli par ceux chez qui tout va bien, les justes et les bien-portants mais surtout par ceux qui font chaque jour l’expérience de la “mort” et du mal, c’est-à-dire les malades et les pécheurs.
Toutefois, il ne faut pas voir en toute bénédiction un acte sacramentel. Tout sacrement est bénédiction mais toute bénédiction n’est pas sacrement. Car la condition de réception d’un sacrement, en l’occurrence celui du mariage, c’est la conformité à ce que j’ai appelé le paradigme “théique” ou spirituel, c’est-à-dire à ce que Dieu veut : un homme et une femme qui se reconnaissent profondément l’un dans l’autre, qui s’engagent librement dans un lien exclusif, total et indissoluble, et qui s’ouvrent à la vie, c’est-à-dire à l’accueil d’enfants qu’ils mèneront sans hésiter à la rencontre de Jésus. C’est ce que Jésus rappelle dans l’Évangile. Par conséquent, on se trompe d’action quand on se dit qu’il faut faire évoluer ou infléchir la position de l’Église.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas la position de l’Église, mais la volonté de Dieu que l’Église cherche à faire : “Que ta volonté soit faite” et non pas “Que ta volonté s’accorde à la nôtre”.
Si l’Église s’alignait au paradigme sociologique d’aujourd’hui, pour que les hommes aient bonne conscience, elle serait inévitablement déconnectée de son fondement spirituel, celui de la volonté de Dieu, exprimée dès les commencements, dans le livre de la Genèse. “Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies” dit le psaume.
Tout part de la volonté de Dieu !
Frères et soeurs, sur la question du mariage j’aimerais m’arrêter ici et m’intéresser maintenant à la deuxième partie de l’évangile qui est relative à l’accueil des enfants. Le Seigneur dit à ses disciples : “laissez les enfants venir à moi”. Il faut reconnaître que les disciples sont un peu têtus : il y a deux semaines, Jésus embrassait un enfant, le plaçait au milieu de ses disciples en leur disant que celui qui accueille un enfant l’accueille lui, ainsi que son Père qui l’a envoyé.

Mais les disciples ont déjà oublié. Ils sont lents à la détente, lents à comprendre que Jésus a une attention et une affection particulières pour les enfants. Et voilà qu’ils les rejettent. Il y a trois moments où Jésus se fâche dans l’évangile : quand on a transformé le temple en business center ou marché couvert ; quand à cause de la loi, les gens ont été réticents à voir Jésus guérir un homme à la main paralysée, et aujourd’hui quand ses disciples ont empêché les enfants de rencontrer Jésus.
Il y a des manières très évidentes d’éloigner les enfants de Jésus : refuser de faire baptiser son enfant ou de l’inscrire au catéchisme ; réprimander des parents parce qu’ils ont fait venir à la messe leurs enfants qui courent dans tous les sens, qui agacent par leurs pleurs, leurs cris et tout le bruit qu’ils font. Mais au fond, ces enfants ne révèlent-ils pas tous les bruits intérieurs, toutes les distractions qui nous habitent pendant que l’on proclame la Parole de Dieu ? Si on pouvait entrer dans la tête de chacun pour savoir à quoi il pense pendant la messe, même le prêtre, alors, on serait certainement choqué. Laissez donc les enfants venir à Jésus ! Ils ne sèment pas plus de désordre qu’il y en a dans nos vies. On a aussi des façons plus subtiles de couper les enfants de Jésus : placer toujours des rendez-vous médicaux à l’heure du catéchisme, amener l’enfant à choisir entre le catéchisme, la messe et les cours de rugby, de foot, de danse, etc. Ou encore préférer dormir, programmer un pique-nique, une visite chez des amis ou chez les grands parents, la célébration d’un anniversaire à l’heure de la messe du dimanche. De l’autre côté, quand les enfants viennent à la messe il nous faut mettre en place des systèmes d’accompagnement qui leur permettent de vivre cette rencontre avec Jésus en fonction de ce qui est possible pour leur âge.
Les jardins bibliques sont d’excellentes initiatives que toute la communauté paroissiale doit porter.
Car il y a le risque de dégoûter et d’exaspérer les enfants si on les oblige à vivre la messe comme les adultes. Bref, voici autant de pistes de réflexion où résonne l’appel du Christ à laisser les enfants venir à lui.
Frères et soeurs, le Christ veut que tous, petits et grands, nous venions à lui afin de marcher avec lui vers le chemin de la sainteté en nous laissant guider par la volonté du Père. En toute humilité, présentons-nous devant lui comme ces enfants qu’il embrassait et bénissait en leur imposant les mains. Accueillons donc la semence du royaume des cieux qu’il vient planter au coeur de nos vies et laissons-nous porter par sa tendresse, sa présence et sa force. Seigneur, que ton amour en nous atteigne sa perfection. Amen.
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